Le personnel est politique: Médias, esthétique et politique de l'autofiction chez Christine Angot, Chloé Delaume et Nelly Arcan
Mercédès Baillargeon
Explorant les questions de témoignage, de confession, de traumatisme, de sexualité et de violence dans les œuvres (semi-)autobiographiques, ce livre explore la coconstruction d’identités personnelles et collectives par des femmes écrivains à l’ère des médias et de l’autoreprésentation. À une époque où la littérature française est souvent accusée d’être égocentrique et trop narcissique, Mercédès Baillargeon avance que l’autofiction des femmes a été reçue avec controverse depuis le tournant du millénaire parce qu’elle perturbe les idées reçues à propos des identités nationale, de genre et de race, et parce qu’elle questionne la distinction entre fiction et autobiographie. En effet, Christine Angot, Chloé Delaume et Nelly Arcan se distinguent du reste de la production française actuelle, car elles cultivent une relation particulièrement tumultueuse avec leur public, à cause de la nature très personnelle, mais également politique de leurs textes (semi-)autobiographiques et à cause de leurs “ performances” comme personnalité publique dans les médias. On y examine donc simultanément la façon dont les médias stigmatisent ces écrivaines ainsi que la manière dont ces dernières manipulent la culture médiatique comme une extension de leur œuvre littéraire. Ce livre analyse ainsi simultanément les implications textuelles et sociopolitiques qui sous-tendent la (dé)construction du sujet autofictionnel, et en particulier la façon dont ces écrivaines se redéfinissent constamment à travers la performance rendue possible par les médias et la technologie. De plus, ce travail soulève des questions importantes par rapport à la relation complexe qu’entretiennent les médias avec les femmes écrivains, en particulier celles qui discutent ouvertement de traumatisme, de sexualité et de violence, et qui reme également en question la distinction entre réalité et fiction. Cet ouvrage contribue à une meilleure compréhension des rapports de pouvoir mis en jeu dans l’autofiction, tant au niveau de la production que de la réception des œuvres. Privilégiant l’autofiction comme phénomène principalement français, cet ouvrage s’intéresse à la valeur politique de ce genre (semi-)autobiographique par-delà sa mort annoncée avec la disparition de la littérature engagée de l’après-guerre et des avant-gardes des années 50–60, dans le contexte français et francophone actuel, traversé par une crise des identités, le multiculturalisme et une redéfinition du nationalisme à travers l’écriture.
Mercédès Baillargeon est professeure adjointe de français et d’études francophones à l’Université du Maryland. Ses recherches portent principalement sur l’éthique, l’esthétique, et la politique des textes (semi-)autobiographiques des XXe et XXIe siècle, sur l’intersection entre espaces et discours publics et privés, et sur la (dé)construction des identités personnelles et collectives. Elle a contribué à plusieurs volumes, et a publié des articles dans les revues Québec Studies, Women in French Studies et The Rocky Mountain Review of Language and Literature. Elle coédite présentement un numéro spécial de la revue Contemporary French Civilization sur “Le transnationalisme du cinéma et des ( nouveaux) médias québécois” avec Karine Bertrand (Queen’s University, Kingston, Canada). Elle a également coédité un recueil d’essais sur la troisième vague féministe au Québec, Remous, ressacs et dérivations autour de la troisième vague féministe, publié aux Éditions du Remue-ménage en 2011. Sa recherche actuelle explore la question de (post/trans)nationalisme dans le cinéma québécois du nouveau millénaire.
PSRL 75. 2019. 206 pp.
ISBN: 978-1-55753-857-4 $45.00; E-Book available, $39.99.
Information last updated on March 6, 2019.
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